CONVERSATIONS SYNODALES - FPCR CANADA
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Les
membres de Femmes prêtres catholiques romaines (FPCR) Canada se sont
réunies pour deux sessions intensives. Ce qui suit est une synthèse des
thèmes abordés.
Thème 1 : Compagnes et compagnons de voyage
Selon notre expérience, il est impossible de cheminer ensemble avec les
dirigeants actuels de l'Église alors que toutes les personnes baptisées
dans l'Église catholique romaine ne sont pas considérées comme étant
égales. En fait, nous craignons que toute idée qui va à l'encontre de
l'enseignement actuel de l'Église soit ignorée ou retranchée de cette
présentation. Par conséquent, nous souhaitons rappeler aux
personnes recevant ce message que la doctrine de l'Église évolue (par
exemple, l'esclavage, le paiement d'intérêts, etc.). Nous, membres de
FPCR Canada, nous sommes profondément conscientes d'être marginalisées,
voire criminalisées (voir CIC 83, c. 1379) parce que nous défendons
l'accès de tous les membres du Peuple de Dieu aux ministères de
l'Église, y compris les ministères ordonnés.
Thème 2 : Écouter
Nous avons pris le temps d'écouter la douleur et les blessures de
nombreux catholiques. Nous avons entendu des histoires d'exploitation,
de harcèlement, d'abus spirituel et sexuel de la part du clergé. Nous
avons écouté des personnes raconter qu'elles ont perdu leur foi en
l'Église, voire même en Dieu, à cause de la façon dont elles ont été
traitées. Le processus synodal nous invite à parler avec courage,
liberté, vérité et charité. Cependant, nous craignons qu'une fois de
plus, nos voix ne soient pas entendues par d'autres dans l'Église, y
compris, et c'est important, par la hiérarchie actuelle de l'Église
catholique romaine.
Thème 3 : S'exprimer
Nous croyons en une Église où toutes les voix doivent être entendues,
où l'Esprit peut parler à l'Église tout entière par l'intermédiaire du
plus humble au plus érudit, jeune ou âgé. Nous croyons que par
notre baptême, nous sommes appelés à être prophètes et que, par
conséquent, nous devons partager les dons que nous avons reçus de
Dieu. Et, nous sommes tous et toutes appelés à nous lever pour
dénoncer ce qui ne va pas et ce qui doit changer.
Guidés par l'Esprit, nous utilisons un langage inclusif pour nommer
Dieu, un changement qui nous semble primordial. Une personne de notre
groupe l'a exprimé ainsi : "Dieu n'est pas un nom de garçon". Parce que
nous voulons vraiment être présence de Dieu à/pour/avec les uns les
autres, il est prioritaire pour nous de voir le Christ incarné dans les
autres, comme des personnes ayant des histoires à partager. Les membres
de la communauté qui s'identifient comme 2SLGBTQI, ou dont
s’identifient ainsi certains amis ou membres de leur famille, sont
exclus de l'Église catholique romaine. Nos communautés rapportent que
de nombreuses personnes ont rejeté l'église pour cette raison.
En tant que membres de FPCR Canada, à l’instar des peuples autochtones,
nous utilisons de plus en plus les mots "Créateur" ou "Source de tout
ce qui existe" plutôt que "Père". Nous nous rappelons que le Divin est
Mystère et que, par conséquent, il ne devrait pas être restreint à un
seul mot qui soit toujours représenté par des pronoms masculins - comme
c'est le cas dans le Missel romain actuel.
Thème 4 : Célébration
Nous avons entendu les voix de tant de personnes qui ont quitté
l'Église parce que l'Évangile n'a pas été prêché avec précision ni
efficacité. Des textes ont été sélectionnés pour manipuler les
croyances et les comportements. On a entendu l’expression "utilisé
comme arme" en référence au processus actuel de sélection. En tant que
membres de FPCR Canada, nous choisissons d'utiliser une variété de
traductions pour mieux communiquer la Parole de Dieu au Peuple de Dieu.
Nous avons examiné les documents de Vatican II car ils posent les
fondements pour des changements qui étaient considérés comme
hérétiques, dix ans avant le Concile. Nous nous réjouissons que nos
liturgies se déroulent dans la langue du peuple et soient plus
participatives – y compris les homélies partagées. Nos célébrations,
l'Eucharistie en particulier, expriment une théologie évolutive qui
s'éloigne du sacrifice et de l'expiation pour s’orienter vers l'action
de grâce – des célébrations qui nourrissent l'espérance et insufflent
la joie. Nos célébrations sacramentelles sont vivifiantes et non
culpabilisantes. Nos célébrations sacramentelles permettent à
l'Esprit de circuler en et par chaque personne. Nos célébrations
sacramentelles nous habilitent à proclamer la bonté de Dieu par des
vies inspirées de l'Évangile.
Thème 5 : Partager la responsabilité de notre mission commune
Tout comme nos célébrations doivent être vivifiantes, elles doivent
être aussi au service de la mission de l'Église, dans nos propres vies,
ici et maintenant. Notre modèle de prêtrise est un modèle de leadership
de service, où la pratique de la responsabilité et de la collégialité
nous permet de faire appel aux dons des membres de la communauté, de
les habiliter à faire l'expérience de Dieu et de quitter nos
rassemblements en étant bien décidés de faire une différence dans le
monde.
Thème 6 : Le dialogue dans l'Église et la société
On nous demande d'être persévérants et patients ; on nous invite au
dialogue afin de promouvoir la compréhension mutuelle. Notre expérience
nous a appris qu'il ne peut y avoir de dialogue sans transparence et
sans responsabilité. Cela n'a de sens que si nos dirigeants s'engagent
dans une écoute active – un dialogue réel et respectueux – et qu’ils
acceptent les changements qu’ils concrétiseront par la suite.
Toute personne qui s'engage dans un synode est appelée à sortir de sa
propre zone de confort. Cela signifie s'éloigner des plateformes
patriarcales et respecter les droits humains fondamentaux de toute
personne. Sinon, l'autorité morale de l'Église restera telle qu'elle
est – presque perdue aujourd'hui.
Si nous, l'Église, voulons survivre, nous devons atteindre les jeunes
populations désaffectées et désintéressées qui éprouvent une aversion
envers l'Église, en grande partie parce que l'enseignement moral de
l'Église est axé sur une compréhension augustinienne désuète et
obsolète de la sexualité comme étant intrinsèquement péché, plutôt que
d'honorer la sexualité comme étant un don de Dieu et une partie
naturelle de l'existence humaine.
Thème 7 : Œcuménisme
Certaines participantes estiment que le dialogue – que ce soit entre et
parmi les catholiques romains, les chrétiens d'autres confessions, les
croyants de traditions religieuses non chrétiennes ou les personnes qui
n'ont aucune croyance religieuse – n’a guère sa place dans ce processus
synodal, si ce n'est pour exprimer le respect de la dignité humaine et
de la liberté de conscience pour toute personne. Elles suggèrent
que le Synode commence par écouter activement les personnes qui ont
quitté les rangs de l’Église catholique romaine parce qu'elles ont
trouvé ailleurs un foyer spirituel qui soit davantage porteur de vie.
Thème 8 : Autorité et participation
Nous rêvons d’une église synodale participative et co-responsable,
véritablement inclusive, collégiale et sans jugement. Nous
estimons que cela ne sera pas possible tant que toutes nos voix ne
seront pas entendues par le biais d'un vote. En d'autres termes,
l'église doit se défaire non seulement du patriarcat mais aussi du
cléricalisme. Nous avons noté les paroles du Pape François au sujet du
cléricalisme qui est une perversion du sacerdoce et dont la rigidité
est une manifestation.
Nous avons considéré la futilité et, en fait, les dangers du célibat
imposé aux prêtres, ainsi que le mal qu'il a fait aux individus et aux
communautés.
Nous ne comprenons pas que l'accès des femmes au diaconat soit remis et
que la prêtrise leur soit refusée. Qui plus est, même la discussion sur
ce dernier sujet n'est pas autorisée. Nous considérons cela comme un
abus d'autorité. L'Église ne nous invite pas à utiliser nos dons pour
proclamer et établir le Règne de Dieu. Nous sommes convaincues que les
dirigeants de l'Église n'écoutent pas l'Esprit qui parle par le biais
des études bibliques et théologiques actuelles.
Thème 9 : Discerner et décider
Nous espérons que la hiérarchie romaine dénoncera ouvertement le
cléricalisme et s’éloignera du patriarcat, pour se diriger vers une
église véritablement synodale. Nous osons rêver que les décisions
seront prises après avoir discerné ce que l’Esprit-Saint communique par
toute la communauté. Les participantes expriment à plusieurs reprises
le souhait que les dirigeants de notre Église adoptent une façon
d'écouter qui soit attentive, respectueuse et ouverte aux voix de tous
et de toutes. Plusieurs estiment que l'Église synodale doit
également se repentir de l'abus spirituel qui a été causé en empêchant
la majorité des baptisés de vivre dans la Vérité.
Thème 10 : Se former à la synodalité
La synodalité se fera par étapes, ce qui nécessite une réceptivité au
changement, une formation et un apprentissage continu. Cela exige que
l’on s’ouvre au renouvellement de nos croyances, de notre façon de
prier et de notre façon de vivre la justice. Cela signifie ouvrir nos
cœurs et nos esprits à l'Esprit et à sa Sagesse, en ayant confiance que
tout peut être renouvelé pour la plus grande gloire de
Dieu.
Respectueusement soumis au nom de FPCR Canada
+Jane Kryzanowski, Évêque
photina61@gmail.com
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